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Pénurie de médicaments – Le JDD du 18/08/2019

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Par Anne-Laure Barret – Le Journal du Dimanche : Article original

Logo Le JDDDe plus en plus fréquentes en pharmacie comme à l’hôpital, les ruptures d’approvisionnement en médicaments mettent en danger la vie des malades. Avant la mise en place d’un groupe de travail en septembre, médecins et associations lancent un SOS et réclament des réformes.La pharmacie de l’hôpital Cochin, à Paris, en a fait l’annonce fin mai : le stock d’Amétycine est épuisé. Une « pénurie nationale » frappe cette chimiothérapie qui prévient la récidive de certains cancers de la vessie, a confirmé l’Agence nationale du médicament (ANSM). Alors, au lieu de donner rendez-vous à ses patients pour les habituelles instillations, Michaël Peyromaure a dû leur avouer que le protocole était repoussé. « J’ai expliqué à ceux qui avaient les tumeurs les moins graves que, faute de pouvoir les traiter, on allait accélérer la fréquence des contrôles, détaille le chef du service d’urologie. Et à d’autres, qu’on ne pouvait rien faire de pertinent pour eux. Ils sont restés sur le carreau. »

Désormais, les soins ont repris. La bonne nouvelle est tombée par e-mail. Bientôt suivie d’une mauvaise : cette fois, c’est une forme du vaccin BCG, lui aussi utilisé comme arme antirécidive, qui manque. Un problème récurrent depuis 2012. L’ANSM suit ce dossier épineux même au cœur de l’été. Des lots venus du Canada sont attendus pour septembre. Et le laboratoire allemand Medac va prendre le relais de Sanofi, qui, disposant d’un quasi-monopole de vente, a arrêté toute production. « Cette crise aura des dégâts collatéraux, analyse le professeur Peyromaure. Il y aura sans doute quelques morts. »
Le fléau touche toute l’Europe et les Etats-UnisLa récente pénurie de corticoïdes a mis au jour une bombe sanitaire qui menace la France mais aussi nos voisins européens et au-delà. Aux Etats-Unis, où le fléau hante l’actualité, certains médecins se sont mis en tête d’évaluer ses conséquences sur les malades. L’an dernier, l’Académie nationale de pharmacie a fait la synthèse de ces travaux dans un rapport : les effets sont variables, « allant d’un simple inconfort », quand une molécule cousine peut être administrée ou que la rupture dure peu, à « des pertes majeures de chances dans l’efficacité du traitement ».

Pour offrir un débouché à la « colère » qu’il ressentait face à la pénurie de BCG, Marc Colombel, professeur d’urologie à l’hôpital Edouard-Herriot de Lyon, a eu l’idée de mesurer son « impact médical » chez des patients atteints de cancers de la vessie. Publiée en avril dans une revue scientifique, cette analyse pionnière a mis en évidence une multiplication par trois du risque de récidive en cas d’absence du traitement et une multiplication par 4,5 du nombre des ablations de la vessie. « Vivre avec une poche d’urine, c’est un sacré handicap », soupire Marc Colombel.
Les malades peu voire pas informésAu total, selon l’Institut national du cancer, une quarantaine de médicaments essentiels en cancérologie font l’objet de tensions importantes, qui pourraient « conduire à des décès prématurés ». Il y a des années que le professeur Jean-Paul Vernant, hématologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, presse les autorités sanitaires d’endiguer un phénomène touchant principalement des médicaments génériques vendus à bas prix.

« Certains malades sont morts à cause des pénuries, assure le lanceur d’alerte. Quand la carmustine, utilisée en chimiothérapie, a fait défaut, on a dû bricoler et nos malades atteints de lymphomes et ayant besoin d’une autogreffe de moelle ont été moins bien soignés. »

Ils sont aussi très mal informés. Cette omerta hospitalière interpelle la Ligue contre le cancer, qui lance un appel à témoignages. « L’information est à la discrétion de l’équipe de soins, et de nombreux malades ignorent que le protocole a changé, constatent Amandine Courtin et Emmanuel Jammes, responsables du dossier à la Ligue. Cela pose un problème éthique. »
Presque tous les domaines sont touchésCancérologie, mais aussi maladies infectieuses et cardio-vasculaires ou anesthésie-réanimation : rares sont les domaines épargnés par l’interruption de traitements vitaux. Cet été, les ampoules de Nalador sont introuvables au CHU de Caen. « C’est affolant, en cas d’accouchement, quand le traitement de base ne marche pas, il n’y a rien d’autre pour arrêter une hémorragie de la délivrance, explique la docteure Thérèse Simonet. On ne peut pas admettre qu’en 2019 des femmes perdent leur utérus! »

Porte-voix de ses patients au plus fort de la pénurie de corticoïdes, le professeur Francis Berenbaum, chef du service de rhumatologie de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, redoute un « problème de santé publique majeur » : « Un arrêt brutal de cortisone peut provoquer une insuffisance surrénalienne, une urgence vitale ; elle peut rendre aveugle un patient atteint de la maladie de Horton. Sans parler des dégâts chez un malade greffé à qui elle est prescrite comme traitement antirejet. »

Même inquiétude du côté de France Parkinson. Alors que le Sinemet, absent des pharmacies pendant l’automne et l’hiver derniers, a refait son apparition, Florence Delamoye, la directrice générale de l’association de patients, relève que l’ANSM n’a pas notifié officiellement le retour à la normale pour ce traitement pris par 45.000 personnes : « Un sevrage brutal peut pourtant causer un risque létal, insiste-t-elle. Les neurologues conseillent de réduire la dose petit à petit mais au prix de gros désagréments : la personne se retrouve alors complètement prisonnière de son corps raidi. »
Une « vraie crise structurelle »Toutes les vigies des pénuries assurent qu’Agnès Buzyn, qui a rendu publique une feuille de route en juillet, a pris la mesure du problème. Mais, alors qu’une première réunion du comité de pilotage est prévue le 5 septembre, elles craignent que les efforts se résument à une meilleure information des malades. « C’est une vraie crise structurelle à laquelle il faut des remèdes structurels », avertit Jean-Paul Vernant. Lui plaide pour la constitution d’un stock de médicaments essentiels.

D’autres, tels l’urologue Marc Colombel ou le pharmacien hospitalier Alain Astier, réclament des « sanctions » contre les laboratoires qui stoppent brutalement une production. Elle-même en rémission d’un cancer, Carmen a dû remuer des montagnes pour que son mari ait accès à une chimiothérapie dès cet été. Aujourd’hui, elle entend dénoncer une carence du système de santé : « Notre hôpital n’avait pas le médicament mais il était disponible en Allemagne, à quelques kilomètres. Ça veut dire qu’une vie a un prix? »

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